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FLORENCE, ÉPIDÉMIE DE 1348 , UN CONFINEMENT JOYEUX : LE DÉCAMÉRON

7 Novembre 2020, 11:04am

Publié par Erwan Le Vourc'h sur une idée d'Hélène Barret

1348 La peste noire dévaste Florence. Témoin de ces évènements, Boccace nous a laissé un livre intitulé le Décaméron, d’un mot grec qui veut dire les dix journées. Dans ce livre, Boccace imagine comment, pour fuir la peste de 1348, sept jeunes dames et trois jeunes gens de Florence formèrent joyeuse compagnie et s’en allèrent vivre en un palais aux champs, avec domestiques et servantes, au sein des plaisirs et des amusements de toutes sortes, dans l’oubli le plus complet des horreurs qui désolaient leur malheureuse cité.

Voici une brève présentation de cette œuvre qui eut immédiatement un retentissement international et plaça, concernant la prose, Boccace au niveau que Pétrarque et Dante tenaient concernant la poésie.

Boccace Le Décaméron (1350-1354) Traduction par Francisque Reynard. G. Charpentier et Cie, Éditeurs, 1884

https://fr.wikisource.org/wiki/Le_D%C3%A9cam%C3%A9ron/Texte_entier

panorama de Florence © erwan le vourch

Première journée

Arrivée de la peste : « …/…en 1348 parvint la mortifère pestilence qui, par l’opération des corps célestes, ou à cause de nos œuvres iniques, avait été déchaînée sur les mortels par la juste colère de Dieu et pour notre châtiment. Quelques années auparavant, elle s’était déclarée dans les pays orientaux, où elle avait enlevé une innombrable quantité de vivants ; puis poursuivant sa marche d’un lieu à un autre, sans jamais s’arrêter, elle s’était malheureusement étendue vers l’Occident. La science, ni aucune précaution humaine, ne prévalait contre elle. C’est en vain que, par l’ordre de magistrats institués pour cela, la cité fut purgée d’une multitude d’immondices ; qu’on défendit l’entrée à tout malade et que de nombreux conseils furent donnés pour la conservation de la santé. C’est en vain qu’on organisa, non pas une fois, mais à diverses reprises, d’humbles prières publiques et des processions…il arriva très souvent qu’un animal étranger à l’espèce humaine, pour avoir touché un objet ayant appartenu à une personne malade ou morte de cette maladie, tombait lui-même malade et périssait dans un très court espace de temps… /… »

 

Rencontre des protagonistes des 10 journées : « …/…il advint que, dans la vénérable église de Santa-Maria-Novella, un mardi matin qu’il ne s’y trouvait presque pas d’autres personnes, sept jeunes dames, en habits de deuil, comme il convenait en un tel lieu se rencontrèrent après les offices divins. Elles étaient toutes unies par l’amitié, le voisinage ou la parenté."

choeur de Santa Maria Novella, Florence © erwan le vourch

 

Décision de fuir la ville de Florence : » …/… Je pense qu’il serait très bon que nous sortions de cette cité et que nous allions nous revêtir honnêtement dans nos maisons de campagne, dont chacune de nous possède un grand nombre, pour nous y livrer à toute allégresse, à tout le plaisir que nous pourrons prendre, sans dépasser en rien les bornes de la raison. Mais souvenez-vous que nous sommes toutes femmes, mobiles, contredisantes, soupçonneuses, pusillanimes et peureuses, et je crains fort, si nous ne prenons pas d’autre guide que nous, que notre société ne se dissolve beaucoup trop tôt."

Santa Maria Novella, Florence, cloître des morts © erwan le vourch

 

Il leur faut des hommes :  "…/…De vrai, les hommes sont les chefs des femmes, et sans leur autorité, rarement il arrive qu’une œuvre de nous parvienne à une fin louable. Mais comment pourrions-nous avoir ces hommes ? Pendant que les dames raisonnaient ainsi, voici qu’entrèrent dans l’église trois jeunes gens dont le moins âgé n’avait cependant pas moins de vingt-cinq ans. Chacun d’eux était d’humeur plaisante et de belles manières ; et ils s’en allaient cherchant pour leur suprême consolation à voir leurs dames, lesquelles, par aventure, étaient toutes trois parmi les sept susdites, de même que quelques-unes des autres étaient parentes ou alliées de certains d’entre eux. Pampinéa, qui était parente de l’un d’eux, leur communiqua leur projet, en les priant, de la part de toutes ses compagnes, de consentir à leur tenir compagnie. Ils répondirent d’un air joyeux qu’ils étaient prêts."

détail façade Santa Maria Novella, Florence © erwan le vourch

 

Choix de leur confinement :  "…/…Cet endroit était situé sur une petite montagne éloignée de toutes nos routes, et couverte d’arbustes variés et de plantes au vert feuillage. Au sommet était un palais avec une belle et vaste cour au milieu, des appartements, des salles, des chambres toutes plus belles les unes que les autres, avec des prés tout autour et de merveilleux jardins."

palais en Toscane © erwan le vourch

Il est décidé que les heures chaudes de chaque journée seront occupées à se raconter des nouvelles.

NOUVELLE I Ser Ciappelletto trompe un saint moine par une fausse confession, et meurt. Après avoir été un très méchant homme pendant sa vie, il passe pour un saint après sa mort, et est appelé San Ciappelletto.

NOUVELLE II Le juif Abraham, poussé par Jeannot de Chevigné, va à la cour de Rome, et voyant la dépravation des gens d’église, il retourna à Paris et se fait chrétien.

NOUVELLE III Le juif Melchissedech, avec une histoire de trois anneaux, évite un piège dangereux que le Saladin lui avait tendu.

les 3 anneaux borroméens, Stresa © erwan le vourch

NOUVELLE IV Un moine ayant commis un péché digne d’une très grave punition, échappe à la peine qu’il avait méritée en reprochant adroitement la même faute à son abbé.

NOUVELLE V La marquise de Montferrat, au moyen d’un repas uniquement composé de poules, et avec quelques paroles gracieuses, réprime le fol amour du roi de France.

NOUVELLE VI Un brave homme confond par un bon mot la méchante hypocrisie des gens de religion.

fresques de Santa Maria Novella, Florence © erwan le vourch

NOUVELLE VII Bergamino, en contant une nouvelle concernant Primasso et l’abbé de Cluny, critique honnêtement un trait inaccoutumé d’avarice chez messer Can della Scala.

NOUVELLE VIII Guiglielmo Borsiere, avec quelques mots polis, perce jusqu’au vif messer Ermino de Grimaldi sur son avarice.

NOUVELLE IX Le roi de Chypre, piqué au vif par une dame de Gascogne, devient homme d’énergie, de pusillanime qu’il était.

NOUVELLE X Maître Albert de Bologne fait honnêtement rougir une dame qui avait voulu lui faire honte de ce qu’il était amoureux d’elle.

chapelle des Espagnols, Santa Maria Novella, Florence © erwan le vourch

DEUXIÈME JOURNÉE La première Journée du Décaméron finie, commence la deuxième, dans laquelle, sous le commandement de Philomène, on devise de ceux qui, après avoir été molestés par diverses choses, sont, au-delà de leur espérance, arrivés à joyeux résultat.

NOUVELLE I Martellino feint d’être perclus et de recouvrer la santé sur le corps de saint Arrigo. Sa fourberie ayant été reconnue, il est battu, mis en prison, et en grand danger d’être pendu. Finalement, il en échappe.

Etc… 10 nouvelles chacune des 10 journées, cela nous fait 100 nouvelles qui sont toutes à votre disposition au lien : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_D%C3%A9cam%C3%A9ron/Texte_entier

fresque, villa médicéenne de Poggio a Caiano © erwan le vourch

 

La nouvelle est un genre littéraire tout à fait inédit à l'époque de l'auteur. Issu du latin novellus lui-même dérivé de novus (nouveau), le terme même de « nouvelle » fait écho au caractère innovant du genre et renvoie aujourd'hui à une structure complexe dont les récits du Décaméron constituent un modèle. Il est à souligner que les premières nouvelles écrites ne sont ni merveilleuses, ni fantastiques, mais réalistes. Néanmoins, les caractéristiques du genre évoluent considérablement au cours des siècles puisque plusieurs auteurs, tant de langue italienne que française, se sont inspirés de cette œuvre de Boccace qui est considéré comme l'un des créateurs de la littérature italienne en prose. L'Heptaméron de Marguerite de Navarre en est la plus fidèle reprise en littérature.  https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9cam%C3%A9ron

 

 

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G
merci pour ce récit de "confinement à l'italienne".<br /> Cela donne envie de lire "Le décameron" de Boccace et .............de revoir le film éponyme de Pasolini<br /> Domi G
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