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LES JÉSUITES EN CHINE - suite 2/2

27 Janvier 2021, 15:03pm

Publié par 海倫娜·巴雷

Un décret impérial a interdit la prédication du christianisme dans toute la Chine. Les quelques Jésuites non expulsés sentent leur pouvoir ébranlé et pensent qu’un artiste serait le bienvenu. Castiglione est volontaire. 

 

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Castiglione, jésuite et artiste.

 

Giuseppe Castiglione est né à Milan en 1688.  A 19 ans, en 1707, il entre comme novice chez les Jésuites et il se fait remarquer pour    ses dons artistiques. Il peint des œuvres inspirées par Andrea Pozzo, le maître jésuite du trompe-l’œil et par les baroques flamands :  Jan Roos, l’élève de Pierre-Paul Rubens ou Snyders. A cette époque, il représente Saint Ignace dans la grotte de Manrèse et l’apparition du Christ à Saint Ignace. Les Jésuites de Chine qui sentent leur pouvoir ébranlé, pensent qu’un artiste serait le bienvenu. Castiglione est volontaire et il suit la voie habituelle, part pour le Portugal afin de s’embarquer vers l’Orient. Il s’arrête à Coïmbra où il décore une chapelle de la cathédrale et l’autel-majeur. Il poursuit sa route en 1714 et il arrive à Pékin en décembre 1715. Malgré les rebuffades subies par l’ordre, il séduit immédiatement Kangxi, puis Yongzeng et Qianlong, le prestigieux souverain dont le règne durera soixante et un ans, de 1736 à 1797.

Le jeune empereur Qianlong 1736, par G. Castiglione

Castiglione est un homme habile et intelligent, courtisan accompli, il tire parti des enseignements des Jésuites qui, précédemment ont su s’imposer à la cour des empereurs chinois.  Il s’intègre et adopte les coutumes locales, suivant en cela les préceptes de Ruggieri et Ricci et il s’entoure d’artistes jésuites : l’Italien Ferdinand Moggi, le Français Jean-Denis Attiret dont l’oeuvre et l’influence sont considérables, ou l’Allemand Ignaz Sichelbarth. Il forme aussi des élèves chinois dont certains deviendront célèbres.

L'empereur Qianlong et ses épouses, par Castiglione et ses élèves

 

 

Les artistes européens vont jusqu’à prendre des noms chinois. Giuseppe Castiglione est rebaptisé Lang Shining, Ferdinand-Bonaventure Moggi devient Li Po-ming, Ignace Sichelbarth : Sing Ngan, Jean-Denis Attiret : Wang Tche-Tch'eng. Castiglione attire aussi d’autres corporations : l’ingénieur Michel Benoist dit Tsiang Yeou-jen ; l’horloger et ferronnier Égide Thébaut dit Yang Tseu-Tsin ; l’horloger et machiniste Charlier dit Cha Jou-yu ; le botaniste et paysagiste Pierre Chéron d'Incarville dit T'ang Tche-tong ; l’horticulteur et paysagiste Martial Cibot dit Han Kous-ying.

Le pin, le faucon et les champignons ganodermes luisants, par Lang Shining (Castiglione)

Castiglione réalise la symbiose entre le réalisme occidental et le spiritualisme chinois : il évite les ombres, et s’intéresse aux motifs tels que papillons, fleurs, arbres, animaux. Il apprend à peindre sur soie et, en 1723, il offre une peinture florale à Yongzeng pour son avènement.

Paeonia lactiflora, peinture sur soie par Castiglione 1722-1735

En 1728, il réalise les Cent coursiers, rouleau de soie de huit mètres de long et d’un mètre de haut. Il décore les églises de Pékin mais il peint aussi vaisselle et bibelots de porcelaine. En revanche, il ne parvient pas à obtenir de Qianlong qu’il redonne aux Jésuites la place qui fut jadis la leur. En 1729, il fait traduire en chinois l’œuvre d’Andrea Pozzo : Perspectiva pictorum et architectorum. Enfin, Castiglione exécute des portraits : celui de l’empereur, de son épouse, des enfants, des chevaux et il peint les passe-temps impériaux : la chasse ou la guerre. 

L'imperatore Qianlong in armatura a cavallo, del gesuita italiano G Castiglione 1758 encre sur soie

 

l'empereur Qianlong à la chasse, par Castiglione

 

l'empereur Qianlong, étudiant, par Giuseppe Castiglione

 

L'impératrice Xiao Xian, 1736 par Giuseppe Castiglione

En 1747 Castiglione est nommé architecte et on le charge d’aménagements dans le palais d’été. Il s’inspire de Versailles et se fait aider par des artistes européens dont le père Michel Benoist, le spécialiste de l’hydraulique, qui se charge des fontaines et des jets d’eau

Pavillon du Palais d'été conçu par Castiglione entre autres

Pavillon et sa fontaine monumentale, détruits en 1860 par les Marines française et britannique pendant la 2e guerre de l'opium

Castiglione meurt en 1766, ses funérailles sont financées par l’empereur et il est nommé vice-ministre à titre posthume. Sa tombe, profanée par les Boxers, a été retrouvée et restaurée.

Cimetière où est inhumé Castiglione à Pékin.

Les Jésuites reviennent officiellement en Chine en 1842, comme les autres congrégations. Ils construisent alors écoles, hôpitaux et orphelinats. En 1900, après la révolte des Boxers, il reste 170 jésuites en Chine, tous français et on compte un nom illustre parmi eux, celui de Teilhard de Chardin. En 1949, avec la victoire de Mao Tsé Toung, toutes les congrégations sont dissoutes. Et celles qui demeurent sont expulsées ou persécutées. La glorieuse histoire des Jésuites et de la Chine prend alors définitivement fin.

海倫娜·巴雷 ( Hélène Barret )

 

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Ayusi brandissant sa lance anéantit les rebelles 1755 Castiglione

 

Iris et pavot, peinture sur soie Castiglione 1722/1735

 

Castiglione, un artiste de Milan dans le Céleste Empire, Editions Luni

 

 

 

 

 

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LES JÉSUITES EN CHINE

26 Janvier 2021, 17:55pm

Publié par Hélène Barret

La Chine est longtemps restée à l’écart de l’Europe, protégée par une civilisation brillante et un gouvernement puissant. Finalement ce sont deux jésuites italiens Michele Ruggieri et Matteo Ricci qui obtiendront l’autorisation de s’installer en Chine.

 

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Les Jésuites en Chine

La Compagnie de Jésus est un ordre religieux fondé par Ignace de Loyola en 1539. Dissoute en 1773, la Compagnie a été rétablie en 1814 par le pape Pie VII. Dès sa fondation, les Jésuites se sont donnés une mission d’évangélisation et, très tôt, ils se sont intéressés au peuple Chinois.

 La Chine est longtemps restée à l’écart de l’Europe, protégée par une civilisation brillante et un gouvernement puissant. Il semble que quelques missionnaires s’y soient fixés au VIIe siècle mais c’est Marco Polo, qui le premier, parvint au XIIIe siècle, à voyager dans l’Empire du Milieu.

A cette époque, l’Europe se sent menacée par le déferlement mongol, les papes tentent de prendre contact avec ce peuple mystérieux et plusieurs papes : Nicolas IV, Clément V envoient des émissaires. En 1368, la dynastie Ming s’installe sur le trône du Fils du Ciel et les Jésuites songent alors vraiment à s’introduire dans le pays, mais ces tentatives restent isolées et elles sont repoussées par les empereurs chinois méfiants. En 1576, le pape Grégoire XIII nomme Melchior Carneiro à la tête de l’évêché de Goa, comptoir commercial portugais, avec mission de s’introduire en Chine, aux Philippines et au Japon. Et ce sont finalement deux jésuites italiens Michele Ruggieri et Matteo Ricci qui obtiendront l’autorisation de s’installer en Chine.

 

Portrait de Matteo Ricci par le frère Emmanuel Pereira

 

Michele Ruggieri est né le 28 octobre 1543 à Spinazzola dans les Pouilles. Il a étudié le droit civil et le droit canonique avant de se tourner vers la théologie. Il devient jésuite à l’âge de 19 ans et en 1577, il quitte Rome pour l’Asie et s’installe à Macao, siège de la colonie portugaise développée au seuil de l’Empire Céleste. Il décide d’apprendre le chinois et il se rend à Canton avant de se risquer à quelques déplacements au cœur de la Chine. En 1583, il fonde une mission à Zhaoqing et en 1584, il rédige un petit catéchisme en chinois, premier ouvrage européen à être imprimé en Chine. Il souhaite rencontrer l’empereur et, pour préparer cette ambassade, il s’impose de revenir à Rome en 1588. Il n’aura pas l’occasion de réaliser son intention et il meurt à Salerne en 1607.

 

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dictionnaire portugais-chinois signé Ruggieri

 

C’est Matteo Ricci qui mènera le projet à son terme. Ricci est né à Macerata en octobre 1552. Envoyé à Rome à 17 ans pour étudier le droit, il entre, trois ans plus tard, dans la Compagnie de Jésus et en 1577, il fait voile vers l’Orient, débarque à Goa, rencontre Alexandre Valignano, père jésuite qui rêve, comme lui, de convertir les Chinois.  A son tour, Ricci se lance dans l’apprentissage de la langue et il étudie les mœurs des habitants. Il collabore avec Ruggieri et quand ce dernier repart vers Rome, Ricci se dirige vers le nord du pays et fonde des missions à Tchao-tcheou en 1589 et à Nan-tch’ang en 1595, avant d’être enfin autorisé à s’établir dans la capitale en 1601. Ruggieri et Ricci avaient d’abord commis l’erreur de se vêtir en bonzes, espérant ainsi être mieux acceptés par la population, avant de comprendre que les bonzes étaient méprisés par les classes dirigeantes.  Ricci décide donc de se vêtir en mandarin, il se laisse pousser les cheveux et il soigne ses déplacements, en chaise à porteurs, comme les mandarins.

Matteo Ricci et son ami mandarin, Xu Guangqi. Par Kircher, Athanasius, 1602-1680

 

Matteo Ricci, un jésuite dans la Chine impénétrable - Publication Anastasis

Il approfondit sa connaissance de la langue et il rédige des ouvrages de prières mais surtout des traités scientifiques : mathématiques, cartographie, philosophie. Il introduit en Chine des ouvrages scientifiques européens et des instruments d’astronomie. En 1601, il est enfin reçu par l’empereur Wanli. Il lui offre un clavecin, une mappemonde, deux horloges à sonnerie et des tableaux peints avec perspective que les Chinois appellent « peintures vivantes ».

Intéressé par les connaissances européennes, l’empereur   charge Ricci d’instruire un de ses fils dans les sciences.   En 1602, Ricci publie une mappemonde en six folios qui obtient un grand succès et qui est réimprimée, en 1608, sur ordre de l’empereur.  Les catholiques chinois, au nombre de 3 en 1584 sont 2500 au moment de la mort de Ricci en 1610.    En 1616 paraissent les Commentari della Cina traduits en latin en 1615 sous le titre De Christiana Expeditione apud Sinas par le jésuite Nicolas Trigault, tandis qu’une traduction française est imprimée à Lyon en 1616.

sphère armillaire

 

Depuis des millénaires, les Chinois élaborent et publient chaque année un calendrier, sous l’autorité de l’Empereur, garant de sa précision. Ce calendrier permet notamment de régler les cérémonies. En 1610, les astronomes chinois se trompent dans leurs calculs et ne prédisent pas l’éclipse de décembre, annoncée par l’astronome Sabatino de Ursis.  Cet événement rehausse encore le prestige des Jésuites auprès de l’empereur et l’assure de la supériorité scientifique des Européens.

ci-contre : sphère armillaire construite par des jésuites en 1744 pour l'observatoire impérial de Pékin

 En 1661, la dynastie Ming est vaincue et ce sont les Mandchous qui prennent le pouvoir mais l’influence des Jésuites n’est pas remise en question. Le nouveau souverain leur demande notamment de fabriquer des canons, très utiles pour la guerre avec ses voisins coréens. Le bureau d’astronomie a une réputation incontestée, les Jésuites servent aussi de traducteurs et en 1692, l’empereur Kangxi, deuxième empereur mandchou, signe un édit de tolérance religieuse qui autorise les conversions au christianisme et donne le droit de bâtir des églises.

Portrait de l’empereur Kangxi, peintre anonyme de la cour Qing

En France, Louis XIV s’intéresse à la Chine et, en 1688, avant même cet édit de tolérance, il a adressé un courrier à Kangxi désigné comme « Très haut, très excellent, très puissant, très magnanime et invincible prince, notre très cher et bon ami ».  En 1697, le missionnaire jésuite Joachim Bouvet popularise l’empereur chinois en publiant un ouvrage :  Portrait littéraire de Kangxi, réédité 3 ans de suite et traduit en latin par Leibniz. Il flatte Louis XIV en établissant un parallèle entre les deux souverains ; Kangxi est présenté comme un monarque « qui a le bonheur de vous ressembler par plusieurs endroits ». La comparaison n’est pas fausse : les deux souverains ont perdu leur père très jeune, ils ont connu les conséquences d’une régence compliquée et ils partagent le goût des arts. Mais ces efforts ne permettent pas d’établir une relation entre les deux royaumes.  Louis XIV meurt en 1715 et Kangxi s’éteint en 1722.

 

Auparavant les relations se sont dégradées entre Jésuites et Chinois. En 1705, un nouveau légat pontifical : Thomas de Tournon, arrive à Pékin.  Il est fermé aux réalités chinoises et notamment au confucianisme, prudemment respecté jusque-là par les Jésuites. 

Kangxi expulse le légat et ce dernier, de retour à Rome, intervient auprès du pape pour dénoncer les rites chinois. En 1715, Clément XI condamne donc ces rites comme incompatibles avec le christianisme et outré, Kangxi prononce un décret qui interdit la prédication du christianisme dans tout l’empire. En 1724, le fils de Kangxi, Yongzhen expulse tous les missionnaires à l’exception des Jésuites résidant à la cour impériale. Parmi ces familiers de l’empereur se trouve Castiglione.

Hélène Barret  海倫·巴雷特

Fin de la 1e partie 1/2

2e partie à venir : Castiglione : jésuite et peintre

 

 

 

 

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FRANCESCO GUICCIARDINI, DIPLOMATE ET HISTORIEN

22 Janvier 2021, 12:08pm

Publié par Hélène Barret

Beaucoup moins connu en Europe que son contemporain et ami Machiavel, Guicciardini, que les Français préfèrent appeler Guichardin, mériterait de retrouver la place qui lui revient de droit dans l’histoire de Florence mais aussi dans l’historiographie.

 

 

Francesco Guicciardini

Francesco naît à Florence le 6 mars 1483. Il est le troisième enfant d’une riche famille florentine, proche des Médicis et son père est considéré comme faisant partie des « cittadini dello stato. » Son parrain est le poète et philosophe néoplatonicien Marcile Ficin, ami de Laurent le Magnifique.

Guicciardini reçoit une éducation soignée et il découvre les grands historiens de l’Antiquité : Xénophon, Tite-Live, Thucydide, Tacite. En 1498, il commence l’étude du droit à Florence puis poursuit ses études à Ferrare en 1500 et à Padoue de 1502 à 1504.

Université de Padoue © Affinités France Italie 2017

 

Un instant tenté d’entrer dans les ordres, il y renonce sur l’injonction de son père et en 1505, il soutient son doctorat en droit civil et commence, aussitôt, à exercer le métier d’avocat à Florence. En 1507, il épouse Maria Salviati, alliance qui déplaît à son père. L’époque est troublée : les Médicis ont été chassés du pouvoir par Savonarole, lui-même renversé en 1498. Les Florentins ont alors nommé un gonfalonier à vie : Pier Soderini et Alamanno Salviati, beau-père de Francesco, est l’adversaire résolu du gonfalonier. 

 

 

Guicciardini nourrit très tôt des ambitions politiques ; en 1509, à l’occasion de la guerre contre Pise, il rejoint le gouvernement de la cité et en 1511, le Conseil des Quatre-Vingts l’élit ambassadeur de la République, auprès du roi d’Espagne, Ferdinand le Catholique. Durant ce séjour, il commence à rédiger des ricordi, réflexions sur ses expériences quotidiennes.

Les Médicis reprennent le pouvoir en 1512, soutenus par les armées espagnoles et vaticanes et Guicciardini décide donc de rentrer d’Espagne en 1513.

 

 

 

 

Ami de Machiavel, avec qui il entretient une correspondance suivie, il plaide, sans succès, la cause de son ami en défaveur auprès des Médicis qui viennent de le priver de son poste de secrétaire de la chancellerie. Le père de Guicciardini est mort durant son voyage de retour et Francesco, à peine arrivé, lui succède au Conseil des Dix-Sept.  Il reprend cependant son métier d’avocat.

Guicciardini et Machiavel (par Santi di Tito)

 Entre 1521 et 1526, Guicciardini rédige le Dialogo del reggimento di Firenze dans lequel il défend l’idée d’une république aristocratique. Inquiet de la puissance de Charles Quint, il milite pour une alliance avec la France et un accord est signé en 1526 à Cognac. Malheureusement, en 1527, la Ligue de Cognac est défaite, Rome est mise à sac et, à Florence, les Médicis sont de nouveau chassés du pouvoir et remplacés par un gouvernement populaire.

En octobre 1529, Guicciardini fait route vers Bologne en compagnie du pape Clément VII qui doit couronner Charles Quint empereur dans la basilique de San Petronio. Considéré comme traître, Francesco est déclaré rebelle en mars 1530, ses biens sont confisqués et il se réfugie à Rome. Pour meubler son oisiveté, il commence alors à rédiger des Considérations sur les Discours de Machiavel, son ami disparu en 1527. La roue tourne et, en 1531, les Médicis reprennent le pouvoir à Florence. Guicciardini est conseiller du duc Alexandre mais, après l’assassinat du duc et l’arrivée au pouvoir de Cosme Ier, il décide de se retirer dans sa villa de Santa Margherita in Montici située à Arcetri, au sud de Florence. Il s’y consacre à la littérature, reprend et ordonne les Ricordi politici e civili, réunit les Discorsi politici et surtout, à partir de 1534, il écrit La Storia d’Italia, œuvre majeure, amorcée dans le passé, qu’il va étoffer et structurer en 20 livres.

 

 

Guicciardini meurt en 1540 dans sa propriété et il est enterré dans le chœur de l’église de Santa Felicita à Florence connue aussi pour abriter le chef-d’œuvre maniériste de Pontormo : La Déposition de Croix.

 

localisation de l' église Santa Felicita à Florence

 

La Storia d’Italia

Ce texte, le plus connu de Guicciardini, relate l’histoire des États italiens entre 1494 et 1534. Guicciardini présente ainsi son entreprise : « J’ai décidé, quant à moi, d’écrire les choses advenues de notre temps en Italie après que les armes des Français, appelées par nos princes eux-mêmes, eurent commencé, non sans grande agitation, à la troubler. »

Il doit rendre compte d’un échec dont il est partiellement responsable en tant qu’instigateur de la Ligue de Cognac, mais aussi de l’échec de l’Italie tout entière, incapable de se passer des princes étrangers.

 

Il se livre à un gigantesque travail de dépouillement et de contrôle de ses sources : archives de Florence, correspondances des ambassadeurs, livres écrits par ses contemporains. Il souhaite trouver «la vérité des choses» n’hésitant pas à signaler les points de vue divergents. Il ne recherche pas le beau langage ; il veut seulement comprendre et faire comprendre. Enfin, il s’interroge sur l’écriture de l’histoire. Il s’intéresse au pourquoi des choses, il analyse le rapport des forces en présence et met au service du récit historique sa réflexion d’humaniste et de politicien. Contrairement à Machiavel qui cherche les lois universelles et immuables, Guicciardini s’attache au particulier, au contexte de la situation.

 

 

Le livre ne paraît qu’en 1561, plus de vingt ans après le décès de l’auteur, mais il est alors traduit dans toute l’Europe. Guicciardini est d’emblée considéré comme le seul écrivain moderne pouvant être comparé aux historiens de l’Antiquité et il influence les humanistes, Montaigne notamment. Le temps passant, sa renommée s’estompe au profit de Machiavel, même si, en 1857, ses descendants Piero et Luigi Guicciardini ouvrent les archives familiales aux chercheurs, ce qui permet de publier les 10 volumes de ses mémoires. En 1996, Robert Laffont, dans la collection Bouquins, publie les 20 livres du texte intégral dans une nouvelle traduction, sous la direction de Jean-Louis Fournel et Jean-Claude Zancarini, sans parvenir pourtant, à donner à cette œuvre, la notoriété qui devrait être la sienne.

Hélène Barret

 

Cortile degli Uffizi

 

 

 

 

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RECETTE SOUS COUVRE-FEU : CHOU VERT FARCI

18 Janvier 2021, 12:57pm

Publié par Laura Folsi

Pour ce mois de janvier, je vous propose une recette de chou farci que j'ai déjà expérimentée et que j'ai trouvée très bonne, un peu longue à préparer, mais cela en vaut la peine. Je pense qu'elle passera très bien avec le froid que nous avons depuis un moment. Cette recette, je l'ai trouvée sur un livre de cuisine italienne qui m'a été offert.

Bonne dégustation et à bientôt j'espère. J'espère que vous allez bien et que vous conservez le moral. Amicalement. 

Laura

 

 

INVOLTINI DI VERZA

Chou vert farci

 

Pour 4 personnes : préparation 30 mn – cuisson 50 mn

 

Ingrédients :

 

 

1 chou vert moyen débarrassé de ses feuilles externes plus dures

150 gr de bœuf haché

150 gr de porc maigre haché

150 gr de saucisse italienne émiettée

60 gr de parmesan râpé

2 œufs

2 gousses d'ail finement hachées

2 cuillères à soupe de persil ciselé

2 cuillères à soupe de beurre

3 cuillères à soupe d'huile d'olive vierge

1 oignon finement haché

750 gr de tomates pelées coupées en morceau

250 gr de bouillon de bœuf (facultatif) – sel et poivre du moulin

 

 

Préparation :

 

Choisissez 8 grandes feuilles de chou. Faites une petite entaille dans la côte centrale de chacune d'elles, puis faites les blanchir 3 à 4 mn dans de l'eau bouillante salée. Égouttez-les soigneusement et faites les sécher à plat sur un torchon propre.

 

 

Dans un saladier, mélanger le bœuf, le porc, la saucisse, le parmesan, les œufs, l'ail, le persil, sel et poivre.

Divisez la farce en 8 portions. Posez chacune d'elles sur une moitié de feuille, emballez la farce dans les feuilles de chou en pressant bien. Maintenez fermé avec de la ficelle à rôti.

Faîtes chauffer le beurre et l'huile d'olive dans une grande sauteuse sur feu moyen. Faites y fondre l'oignon 3 à 4 mn. Déposez délicatement les feuilles de chou farcies dans le fond de la sauteuse et laissez mijoter en les retournant de temps en temps avec une fourchette ou une cuillère sans les abîmer. Ajoutez les tomates, sel et poivre et faites cuire environ 40 mn à feu moyen doux. Si la sauce est trop épaisse, ajouter du bouillon de bœuf.

Servez bien chaud.

 

 

 

 

Commentaires de l'équipe Atelier cuisine, au moment de la mise sous presse

 

J P Charollais : 

Effectivement plat de saison.

Saucisse italienne ? Je ne connaissais pas ; j’ai trouvé çà : http://qc.allrecipes.ca/recette/20105/saucisses-italiennes-maison.aspx. OK c’est un site québécois mais il y a une grande communauté italienne là-bas. On doit pouvoir remplacer par des saucisses de Toulouse bien épicées. Qu’en pense la cheffe ?

Prenez bien soin de vous. J P

 

Marie Louise Gallenne :

Très bonne idée, bien adaptée au mois de janvier. Maintenant, le centre Jean Rostand devient centre de vaccination ! pas demain la veille de s'y retrouver, continuons à cuisiner en solo !

Amitiés. Marie Louise

 

Laura Folsi

Effectivement la saucisse de Toulouse peut remplacer la saucisse italienne mais je dois dire que la saucisse italienne est légèrement plus sèche et plus épicée et a plus de goût
A bientôt j'espère. Laura

 

 

 

un p'it bout d'chou © erwan le vourch

 

 

 

 

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CYCLE DE CONFÉRENCES SUR LA MUSIQUE

11 Janvier 2021, 12:55pm

Publié par affinités france italie

Un membre du CA de SAUMUR TEMPS LIBRE nous informe qu'un cycle de conférences sur la musique va commencer fin janvier, d'abord via ZOOM, puis au Lycée Duplessis-Mornay. La 1e conférence concernera surtout la musique italienne, comme l' opéra vénitien, puis l' Opera seria.

Le nouveau cycle "musique" va commencer le 25 janvier. Il est conduit par Patrick Barbier connu des Saumurois car il a animé des conférences au moment de "la Folle Journée". Il a déjà fait des conférences à STL.

 

Idomeneo, re di Creta ( Opera seria )

 

Certains des adhérents AFFINITÉS FRANCE ITALIE pourraient être intéressés, la première séance est en partie consacrée à l'opéra vénitien. Vu le contexte, elle se fera en visioconférence par Zoom.   Merci de faire suivre, amitiés.

 

Voici le programme, présenté en 3 copies d'écran extraites du site de Saumur Temps Libre, immédiatement accessible simplement en cliquant sur l'une ou l'autre des 3 images bleues.

 

Saumur Temps Libre 1/3
Saumur Temps Libre 2/3
Saumur Temps Libre 3/3

Saumur Temps Libre :

 "A diverses reprises, à travers les questionnaires que vous nous avez retournés tant pour les cycles que pour les conférences, l'histoire de la musique revenait souvent. C'est donc pour répondre à votre attente que nous vous proposons cet ensemble de 4 modules :

 - lundi 25 janvier 2021 : le passage de la Renaissance au Baroque,

- lundi 15 février 2021 : l'époque classique,

- lundi 15 mars 2021 : le XIXe siècle ou le Romantisme,

- lundi 12 avril 2021 : les "révolutions" du XXe siècle.

 Prix du cycle :

-          Adhérent :                      40.00 €

-          Coût à la séance :         12.00 € 

 

-          Non-Adhérent :             55.00 €

-         Coût à la séance :         15.00 €  

Comme vous le voyez, les personnes qui ne sont pas adhérentes de Saumur Temps Libre peuvent participer.  N'hésitez pas à en parler autour de vous !

 Ce cycle se déroulera au lycée Duplessis-Mornay, de 14 h 30 à 16 h 30. Maintenant, l'actualité sanitaire nous contraint à adapter ce programme et c'est donc en visioconférence Zoom qu'aura lieu la première séance du 25 janvier. Beaucoup ont testé cette application, que ce soit pour participer à notre Assemblée Générale ou pour suivre le cycle Histoire de l'Art. Vous savez que cela fonctionne très bien, et qu'une fois l'application téléchargée, le suivi de la conférence est très simple. Nous avons déjà proposé de faire un essai de connexion pour les non-initiés, et nous renouvellerons en tout début d'année pour vous permettre d'être opérationnels le jour J. Une date vous sera confirmée dès que possible. Si vous êtes intéressés, merci de nous le signaler par mail. Nous vous rappelons aussi que cette application est gratuite.

Nous espérons donc vous retrouver nombreux le 25 janvier et restons à votre disposition pour toute question liée à ce sujet."

Evelyne LEGRAND

Saumur Temps Libre Université Inter-Ages

Tel : 06 72 69 29 55

e-mail : secretariat@saumurtempslibre-uia.org

 

Teatro Alla Fenice, il palco reale, la loge royale © erwan le vourch

 

 

 

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UN GRAND SAVANT D'ORIGINE ITALIENNE : GIAN-DOMENICO CASSINI

10 Janvier 2021, 12:25pm

Publié par Marie-Louise Gallenne

Douze ans après Jean-Baptiste Lulli, un autre italien sera naturalisé français à Paris : Jean-Dominique Cassini, et celui-ci connaîtra un destin encore plus grand que le musicien. C'est ce que va vous conter Marie-Louise Gallenne, elle-même touchée par la même passion que Cassini.

 

 

Un grand savant d'origine italienne : Gian-Domenico Cassini

Nombreux sont les savants italiens qui se sont illustrés dans le domaine de l'astronomie. Gian-Domenico Cassini (1625-1712) est de ceux-là. Il est né à Perinaldo,* alors dans le comté de Nice appartenant au Duché de Savoie. Eduqué au collège jésuite de Gênes, il se fait remarquer par un riche amateur de Bologne, le marquis Cornelio Malvasia. En 1644, ce dernier l’engage pour travailler à l’Observatoire de Panzano encore en construction. La qualité de ses observations et ses publications astronomiques de valeur lui valent d’être nommé professeur d’astronomie et de mathématiques à l’Université de Bologne, en 1650. Il a alors vingt-cinq ans.

* Perinaldo est à 22km dans l'arrière-pays de Sanremo

Gian-Domenico Cassini (dominio pubblico)

 

En conformité avec l'église catholique romaine, il enseigne l'astronomie de Ptolémée, il est alors fervent adepte du géocentrisme. Il n'adhèrera que plus tard au système géo-héliocentrique, puis à l'héliocentrisme de Copernic.

Cassini acquiert une telle réputation que le sénat de Bologne et le pape le chargent de plusieurs missions scientifiques et politiques. Mais c’est l’astronomie qui l’occupe principalement. Il découvre la grande tache rouge de Jupiter en 1665, et détermine la même année la vitesse de rotation de Jupiter, Mars et Vénus.

 

la grande tache rouge de Jupiter © Nasa, ESA, A. Simon (Centre de vol spatial Goddard), M. H. Wong (université de Californie, Berkeley) et l’équipe OPAL

La grande tache rouge de Jupiter est un énorme ouragan de l'atmosphère de Jupiter, la plus grosse  planète gazeuse du système solaire. Longue de 15000 km et large de 12000 km, la tache est un peu plus grosse que la Terre. Cet ouragan est observé depuis que Cassini l'a découvert en 1665. Les vents y soufflent à plus de 700km/h.

 

En 1668, Colbert, qui recherche des savants étrangers pour la toute nouvelle Académie des Sciences parisienne, lui offre d’en devenir membre correspondant. Cassini accepte. Colbert l’invite alors à venir en France pour un séjour de durée limitée, afin de l’aider dans la construction du nouvel observatoire. Cassini arrive à Paris en août 1669 et collabore aussitôt aux travaux de l’Académie. Considéré comme le meilleur astronome de son temps, il est nommé directeur de l’Observatoire de Paris à la demande de Louis XIV, chargé d’en faire le plus important centre astronomique et scientifique de son temps  – but auquel il parviendra.

 

Colbert présente à Louis XIV les membres de l'Académie © Photo RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

Cassini commence ses travaux d’observation et de recherche, découvrant notamment deux satellites de Saturne (Japet en 1671, Rhéa en 1672). Le premier satellite de Saturne, Titan, a été découvert en 1655 par Christian Huygens. C'est aussi  le plus gros satellite de Saturne.

 

Les principaux satellites de Saturne. Actuellement, on en a découvert plus de 80.

 

Malgré les rappels du pape, il manifeste le désir de rester en France et sollicite une naturalisation, qu’il obtient en 1673. Il francise dès lors son prénom en Jean-Dominique.

Jean-Dominique Cassini a profondément marqué l'histoire de l'Observatoire de Paris. C’est au sein de cet établissement, construit selon ses instructions, qu'il effectua la majeure partie de ses travaux. Il disposait de nombreux instruments pour effectuer ses recherches : des instruments fixes ou des instruments mobiles utilisables à l’extérieur. A plusieurs reprises, il obtint que soit financé l’achat de lentilles de grande qualité.

La même année, en 1673, il effectue la première mesure précise de la distance de la Terre au Soleil grâce à la mesure de la parallaxe de Mars. Deux ans plus tard il découvre la division des anneaux de Saturne, dite de Cassini, et en 1684 deux nouveaux satellites de Saturne, Téthys et Dioné.

 

la division de Cassini

La division de Cassini est un espace situé entre les anneaux A et B de la planète Saturne. Elle a été découverte en 1675 par l'astronome Jean-Dominique Cassini. Située à 122 340 km du centre de Saturne, elle mesure 4 800 km de large.

Des études récentes ont montré que la division de Cassini est une zone où la densité des particules est plus faible que dans les anneaux avoisinants et pas un endroit vide de matière.

Entre 1671 et 1679, Cassini étudie la Lune et s’adjoint les services de deux dessinateurs. Il élabore ainsi une grande carte de la Lune beaucoup plus précise que les précédentes et qui restera sans rivale jusqu’à l’apparition de la photographie.

 

grande carte de la Lune par Cassini

 

Cassini cartographe :

Déjà dans sa jeunesse à Bologne, il est appelé pour modifier la méridienne de la basilique San Petronio, qui doit être agrandie. La première méridienne due à Danti sera donc détruite. C’est donc lui, Gian Dominico Cassini, professeur de mathématiques à Bologne qui fait des relevés avant la destruction. Il veut améliorer la méridienne avec les connaissances astronomiques de l’époque.

 

oeilleton dans la voûte et méridienne de Bologne © erwan le vourch & Marie José Descloux

Méridienne de San Pétronio à Bologne.  Une méridienne est un instrument ou une construction permettant de repérer l'instant précis du midi solaire Les méridiennes « astronomiques », qualifiées aussi de « grandes méridiennes », ont été créées pour des besoins astronomiques concernant le Soleil. Grâce aux méridiennes, on peut accéder directement à des éléments fondamentaux dans le mouvement annuel du Soleil, à savoir les dates des solstices et des équinoxes, la durée de l'année tropique, la déclinaison du Soleil et l'obliquité de l'écliptique ...

 

Élaboration de cartes précises

Il est le premier à avoir réussi l'exploit de dresser la première carte de France par triangulation dès 1668. A l'époque, il a fallu plus de trente ans pour recenser chaque ruisseau, chaque maison du pays. Mais au terme de ce projet pharaonique, le Roi, ses ministres et conseillers avaient pour la première fois une représentation réaliste et claire de l'étendue du royaume et de la forme de ses frontières. C'est ainsi que Louis XIV aurait déclaré que ses géographes lui avaient fait perdre plus de territoires que tous ses ennemis ...

 

Carte de France 1718 avec la méridienne de Paris

Son fils, Jacques Cassini, lui succède, et trois générations de Cassini régneront à la tête de l’Observatoire de Paris durant une période de 122 ans. L’ancêtre, Jean-Dominique Cassini, sera désormais désigné sous le nom royal de Cassini Ier

En fin de vie, il devient aveugle en 1711 et meurt le 14 septembre 1712 à l'âge avancé de 87 ans. Il est inhumé à Saint-Jacques-du-Haut-Pas, sa paroisse.

 

Hommages  

Son travail et sa renommée ont été honorés par de nombreuses rues Cassini à Paris et en France, par l’astéroïde Cassini, le cratère martien Cassini, le cratère lunaire Cassini, la division de Cassini, les lois de Cassini, l’ovale de Cassini et l’identité de Cassini en mathématique, la sonde Cassini-Huygens.

Dernière en date, la mission Cassini-Huygens.

Cassini est une sonde spatiale de la NASA pour les besoins de la mission Cassini-Huygens qui avait pour but l'étude de la planète Saturne, de ses satellites et de ses anneaux. Lancée dans l'espace le 15 octobre 1997 de Cap Canaveral par une fusée Titan IV-Centaur, elle a commencé sa mission dans le système saturnien le 1er juillet 2004 et l'a achevée le 15 septembre 2017 en plongeant dans l'atmosphère de Saturne.

Dotée d'instruments très performants, les résultats sont encore pour longtemps en cours d'analyse. La mission a duré 13 ans, soit presque un demi-cycle saisonnier de Saturne (la période de révolution de Saturne autour du Soleil est d'environ 29 ans).

Sources : Jean-Pierre Luminet « les bâtisseurs de sciences» chez Lattes, site Futura Sciences, astropolis, portail des savoirs,  Wikipédia...

 

 

auteur de l'article :

Marie-Louise Gallenne, adhérente AFI, secrétaire de la 3AS

(Association des Astronomes Amateurs du Saumurois)

 

 

 

La 3AS a ses activités complètement en sommeil du fait de la situation sanitaire. Ordinairement, elle propose une observation publique et gratuite tous les mois sur le parking de l'aérodrome de Terrefort à Saumur dès la nuit tombée. Elle anime aussi la fête de la science en octobre, la fête du Soleil au mois de juin, la nuit des étoiles filantes début août et diverses animations pour les écoles et les associations à leur demande.

Ces animations reprendront dès que ce sera autorisé .

Site :     https://www.saumur-astronomie.fr/

 

 

Saturne n'est plus visible en ce moment, début janvier 2021. On la reverra environ 3 heures avant le lever du Soleil à l'Est-Sud-Est à partir du mois de mai 2021. Pour la revoir dans le ciel du soir, il faudra attendre début août 2021 après 22h30. Jupiter sera alors sa voisine. On la verra de plus en plus tôt au fil des mois jusqu'en décembre 2021, et de plus en plus vers le sud. Le 7/12/2021, elle se couchera S-O vers 21h. Après, elle ne sera plus visible dans le ciel du soir, tandis que Jupiter sera encore très visible.

Avec le télescope Dobson, 315mm de la 3AS, il est très facile d'observer les anneaux de Saturne, les 4 satellites galiléens de Jupiter ( Io, Ganymède, Callisto et Europe) ainsi que Titan satellite le plus gros de Saturne. La division de Cassini dans les anneaux de Saturne, n'est visible que dans de bonnes conditions. Il faut que le plan des anneaux soit suffisamment incliné pour cela.

Nombreux sites sur internet permettent de voir les éphémérides. Celui de la 3AS les donne mois par mois.

 

Saturne et satellites Par NASA — JPL image PIA01482, Domaine public

article rédigé sur une suggestion de Marie-Claire Morisset, merci Marie-Claire

 

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ARTEMISIA GENTILESCHI, LA PREMIÈRE GRANDE PEINTRE DE L'HISTOIRE

4 Janvier 2021, 12:33pm

Publié par Hélène Barret

Peintre baroque, inspirée par l’œuvre du Caravage, elle fut la première femme artiste de cette époque à vivre de son art. Malgré ses qualités, la postérité ne lui a pas reconnu la place qu’elle méritait. Elle était belle, talentueuse, courageuse, scandaleuse, sulfureuse aux yeux de certains et féministe avant l’heure.

Artemisia est née le 18 juillet 1593 à Rome.  Elle est la fille aînée d’un peintre romain, Orazio Gentileschi, disciple du Caravage. Sa mère, Prudenzia Montonis, fille d’un secrétaire de cardinal, meurt alors qu’Artemisia n’a que 13 ans.  Dès qu’elle a su marcher, Orazio l’a initiée à l’art, lui faisant admirer tableaux et mosaïques et, avant même la mort de sa mère, il la prend comme apprentie dans son atelier. Artemisia doit préparer les toiles, moudre les couleurs et brosser les fonds. La mort de sa mère la contraint, en plus, à assumer les tâches ménagères mais ses activités multiples n‘empêchent pas l’adolescente de s’essayer à brosser nus et portraits, provoquant ainsi la jalousie de son père qui n’y est pas très habile.

 

Orazio Gentileschi par Lucas Vorsterman. National Portrait Gallery, Londres

 

La jeune fille est belle, de plus en plus belle, et Orazio peint sa fille avec ferveur, en Madeleine éplorée, en sainte Ursule ou sainte Cécile. L’Église interdit de faire poser des femmes nues, Orazio désobéit mais de plus, il demande à Artemisia de poser pour lui. Les relations entre eux sont difficiles, Orazio qui exige de sa fille qu’elle brave les interdits, lui reproche de le faire et la soupçonne de mener en cachette une vie dépravée. Son talent le remplit à la fois de fierté et de jalousie d’autant qu’Artemisia commence à aider son père sur certains chantiers et on pense qu’elle a notamment contribué à réaliser les figures des musiciennes du plafond du casino des Muses commandé par Scipion Borghèse, le neveu de Paul V.

 

Artemisia Gentileschi, autoportrait en Ste Catherine d'Alexandrie, National Gallery, Londres

 

Orazio travaille sur ce chantier en compagnie d’un collègue, Agostino Tassi à qui il demande de compléter la formation de sa fille et de lui donner des cours de perspective. Tassi, bon peintre, est un homme brutal et sans scrupule et, le 6 mai 1611, il viole Artemisia avant de promettre de l’épouser. Orazio ferme les yeux puis, finalement, au bout de neuf mois d’une relation  imposée à sa  fille, il intente  un procès au  suborneur pour « stupro qualificato » c’est à dire pour défloration avec promesse de mariage. Les minutes du procès sont glaçantes, Artemisia est traitée en coupable plutôt qu’en victime, elle subit même la torture des lacets qui broient les doigts. Finalement, Tassi est condamné mais la sentence n’est pas appliquée et, pour retrouver une certaine honorabilité, Artemisia épouse un peintre obscur, frère du notaire de son père : Pierantonio Stiattesi dont elle aura deux filles.

En 1613, elle part pour Florence à la cour du grand-duc de Toscane. Elle se lie avec des figures de l’art et des sciences dont Galilée ou Cristofano Allori et parvient même, en 1616, à être la première femme inscrite à l’Accademia del disegno. Artemisia entretient une liaison avec un noble florentin, Francesco Maria Maringhi, qui lui servira de modèle quand, en 1620 elle commence à peindre la toile Yaël et Sisera, actuellement conservée à Budapest. L’œuvre est inspirée par un épisode du livre des Juges : Sisera, général vaincu, est recueilli par Yaël, mais il bafoue les lois de l’hospitalité et Yaël profite de son sommeil pour lui enfoncer dans la tête un piquet de la tente sous laquelle il repose.

 

Yael et Sisera, par Artemisia Gentileschi, Budapest, Musée des Beaux-Arts

Il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec le vécu d’Artemisia qui, toute sa vie multipliera les œuvres   de colère et de vengeance dont Judith décapitant Holopherne. Ces œuvres alternent avec des autoportraits car souvent les commanditaires de ses toiles désirent avoir une image de cette femme belle et renommée et elle n’hésite pas à donner ses traits à des héroïnes plantureuses et énergiques.   

 

Artemisia Gentileschi, Judith décapitant Holopherne, Naples Musée national de Capodimonte

 

Cette même année 1620, Artemisia revient à Rome. Séparée de son époux, l’artiste va alors profiter d’une indépendance rare à son époque. Elle voyage en compagnie de ses filles, séjourne à Naples ou à Venise. En 1638, à l’invitation de Charles 1er, elle rejoint son père à Londres et l’aide à peindre les plafonds de la Casa delle delizie dans la maison de la reine à Greenwich.

Autoportrait d' Artemisia Gentileschi

Ce tableau a probablement été réalisé en Angleterre vers 1638, alors qu'elle était âgée de 45 ans.

Suzanne et les vieillards, Artemisia Gentileschi; Collezione Graf von Schönborn, Pommersfelden

 

Son père meurt en Angleterre et Artemisia décide de rentrer à Naples au début de 1640. Souffrant de nombreuses infirmités, en butte à des soucis financiers, on pense, sans certitude, qu’elle meurt en 1656, de la peste qui ravage la ville.

Le plafond de la maison de la reine à Greenwich a été démantelé en 1711 et réinstallé à Marlborough House. 

 

Artemisia Gentileschi : Allegory of Peace and the Arts under the English Crown, Marlborough House

 

Les tableaux d’Orazio et de sa fille sont exposés dans tous les musées du monde mais sans qu’il soit toujours possible de déterminer si l’auteur est Orazio ou Artemisia. Pendant de nombreuses années après sa mort, son œuvre est oubliée, ignorée ou attribuée à d'autres artistes. Ainsi, sa version de 1612 du tableau Judith décapitant Holopherne a souvent été attribuée au Caravage et c'est son père que l’on créditait pour Suzanne et les vieillards. Il faudra attendre le début du 20e siècle pour voir renaître l'admiration et le respect envers cette artiste qui se place aisément parmi les plus grandes.

En 1998, Alexandra Lapierre a publié aux Éditions Robert Laffont une biographie de l’artiste, sobrement intitulée Artemisia.

Lien vers une analyse du tableau "Judith décapitant Holopherne" https://www.beauxarts.com/grand-format/judith-decapitant-holopherne-dartemisia-gentileschi-la-sanglante-revanche-dune-femme/

 

Hélène Barret

 

 

Saviez-vous qu' Artemisia est aussi le nom d'une plante très célèbre, réputée être la plante de la déesse grecque Artémis, responsable des morts violentes ?

 

artemisia absinthium, absinthe ou armoise

Il s'agit de l' absinthe ou Artemisia absinthium, ou encore Armoise en français. Utilisée comme vermifuge dans les maladies de l'estomac, pour provoquer les règles, contre la fatigue, contre le mal de mer et ses nausées, cette plante peut être utilisée en infusion avec du vin, de la bière, en poudre ainsi qu'en décoction.

C'est l'une des plantes qui, après une étude de criblage à haut débit, a été retenue comme candidate potentielle pour produire un possible médicament contre le SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de COVID-19

La plante possède des substances actives dangereuses, il faut l'utiliser à petite dose. Dans l'Antiquité gréco-romaine, on l'utilisa en infusion comme antidote du poison (ciguë) ou pour ses propriétés abortives. Au XVIIe siècle, l'absinthe servait d'insecticide. L'absinthe est surtout connue pour avoir été l'ingrédient de base d'une boisson populaire au XIXe siècle. Rimbaud, Baudelaire et Verlaine étaient des buveurs d'absinthe. Interdite dans de nombreux pays depuis le début du XXe siècle, elle est de nouveau autorisée dans certains pays depuis quelques années (2001 en France et 2005 en Suisse). Combier à Saumur en produit.  En bouquet sec, l'absinthe éloigne les insectes. Son purin tue les pucerons et éloigne les acariens. 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Absinthe_(plante) & Erwan Le Vourc'h, non buveur d'absinthe

 

Edgar Degas, Dans un café, l'absinthe; Paris Musée d' Orsay

 

 

 

 

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