LA VILLA MÉDICIS, ACADÉMIE DE FRANCE À ROME
Comme ce soir, 31 décembre, est la date limite de dépôt des candidatures pour la Villa Médicis de Rome, Hélène Barret vous invite sur la colline du Pincio pour vous conter l'histoire de cette institution.
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Située sur la colline du Pincio, la Villa Médicis témoigne des relations constantes entre la France et l’Italie.
Tout commence, il y a bien longtemps, à la fin de la période républicaine. Lucullus, le général gastronome, achète le terrain, y aménage des jardins puis y fait construire une villa. Une centaine d’années plus tard, la sulfureuse Messaline convoite les lieux et elle contraint le légitime propriétaire à se suicider en s’ouvrant les veines. Selon le proverbe, un bien mal acquis ne profite jamais et Messaline meurt dans ses jardins, assassinée par les envoyés de son époux, l’empereur Claude. Le domaine demeure propriété impériale jusqu’à Trajan, puis il est vendu à des familles patriciennes dont les Pincii qui, au IVe siècle, donnent leur nom à la colline.
En 1564, le cardinal Ricci da Montepulciano s’installe sur le site du Pincio. Il détruit la petite bâtisse qui s’y trouve et confie le soin à son architecte florentin : Nanni di Baccio Bigio, d’édifier une demeure d’agrément. Il décide, en même temps, d’aménager des jardins et Camillo Agrippa, mathématicien et ingénieur, effectue les travaux d’irrigation nécessaires et imagine un bois au sud du parc.
En 1576, le cardinal Ferdinand de Médicis rachète le domaine. Le nouveau propriétaire est né à Florence en 1549, il est le fils de Cosme Ier de Médicis et de Marie-Madeleine d’Autriche. Il succédera en 1587, comme grand-duc de Toscane, à son frère François mais, dès l’achat, la modeste demeure du Pincio va devenir un somptueux palais digne de l’illustre famille.
L’architecte Bartolomeo Ammannati est chargé de modifier et d’agrandir l’édifice. Ferdinand fait aménager une galerie côté jardin afin d’exposer ses œuvres d’art et la façade est ornée d’une série de bas-reliefs antiques.
Jacopo Zucchi, peintre de Ferdinand, décore le palais et il imagine, pour la chambre à coucher, la mise en image de l’horoscope du cardinal qui lui prédit un destin royal. Il aménage aussi un studiolo au fond du jardin, dans une tour sur la muraille d’Aurélien. Ce chef-d’œuvre du maniérisme tardif est orné de fresques représentant une volière, des allégories des saisons, des fables d’Ésope et des vues de la villa.
Ferdinand lègue le domaine à son troisième fils, Charles, mais, petit à petit, la villa est délaissée.
En 1787, le duc de Lorraine, héritier des Médicis, la met en vente et la France décide d’y installer son académie à Rome.
L’Académie de France à Rome a été décidée par Louis XIV qui a confié la réalisation du projet à Colbert et au peintre Le Brun.
Le roi considère que l’étude des vestiges antiques et des grands maîtres est indispensable à la formation des artistes qui doivent donc impérativement effectuer, à Rome, la fin de leur formation.
C’est ainsi qu’en 1666, l’Académie de France à Rome est ouverte aux peintres et sculpteurs, lauréats de l’Académie royale. L’institution est d’abord modestement hébergée sur le Janicule, puis en 1673, elle s’installe au palais Caffarelli, en 1684 au palais Capranica avant, en 1729, de s’établir au palais Mancini. L’Académie est supprimée pendant la Révolution puis rétablie par le Directoire et, le Consulat signe en 1803, l’échange entre le palais Mancini et la villa Médicis.
Depuis sa création, l’Académie a accueilli des artistes prestigieux : peintres, sculpteurs, musiciens, écrivains, philosophes, architectes, graveurs. A notre époque, le champ des possibles s’est encore étendu : histoire de l’art, archéologie, scénographie, photographie, cinéma, vidéo et même cuisine !
Les deux premiers directeurs de l’Académie ressuscitée : Suvée puis Guillon-Lethière, aménagent la Villa Médicis afin d’y accueillir une vingtaine d’artistes devant y travailler et y résider en communauté. Des directeurs prestigieux vont se succéder à la tête de l’Académie et certains y effectuèrent des transformations étonnantes, comme le boudoir mauresque imaginé en 1833 par le peintre Horace Vernet. Balthus, entre 1961 et 1967, entreprit une vaste campagne de restauration du palais, des jardins et il imagina un décor résolument contemporain de peintures murales.
La Trinité des Monts et, au second plan, la Villa Médicis, en 1808, par le peintre François Marius Granet ( Aix-en-Provence 1775 - 1849 ) - Musée du Louvre
La Villa à l’époque contemporaine.
Elle accueille chaque année, en septembre, et pour douze mois, des candidats sélectionnés par un jury international. Les postulants peuvent concourir dans les disciplines artistiques, littéraires, et au titre de la restauration d’objets d’art. Pour 2021, le dépôt des candidatures est clôturé au 31 décembre 2020. Le jury de sélection est composé des membres suivants : le directeur de l’Académie, président ; le président du conseil d’administration de l’Académie ; le directeur général de la création artistique ; des personnalités qualifiées nommées par le Ministre de la Culture. Des experts, nommés par le ministère de la Culture, assistent le jury dans la sélection des pensionnaires.
La villa est partiellement ouverte à la visite et des expositions y sont organisées.
Hélène Barret
https://www.villamedici.it/fr/decouvrir-et-visiter-la-villa/informations-pratiques/
https://www.villamedici.it/fr/news-fr/residences-medicis-derniers-jours-pour-candidater/